Le musée de Caen propose depuis déjà plusieurs mois un parallèle intéressant entre la naissance de la Normandie et la principauté de Novgorod en Russie, où les Vikings furent présents dès le VIIIe siècle. Pour la première fois, plus de 500 pièces allant de l’objet cultuel à la vie quotidienne, sont rassemblés.
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Russie viking, vers une autre Normandie?
Russie viking, vers une autre Normandie?
Pendentif à décor de masque en argent, Xe siècleNous l’avons déjà vu avec le jeu de Lewis, les relations entre Scandinavie et Europe étaient très fréquentes : les premiers raids vikings sont documentés dès le VIIIe siècle, Danois & Norvégiens sur le continent et les îles britanniques et Suédois dans le nord de la Russie. S’il s’agissait d’abord d’attaques et de pillages, les Northmen – hommes du nord – cherchèrent rapidement à s’installer sur ses territoires. Si en France, ceux-ci devinrent des normands, en Russie ces vikings prirent le nom de Varègues et s’insérèrent très tôt au sein de la population locale, notamment grâce à l’établissement de comptoirs commerciaux.
Pendentif en argent, Xe siècleDès le IXe siècle, ils s’impliquèrent dans la gouvernance de la région de Novgorod, qui devint au fil des siècles l’un des pôles les plus importants de cette Russie.
Cette république marchande indépendante s’agrandit au fur et à mesure : une expansion territoriale qui dura jusqu’au XVe siècle grâce notamment aux nombreux comptoirs commerciaux fondés par les varègues. Les scandinaves participèrent ainsi à la stabilisation de la puissance publique et son épanouissement, enrichirent la culture de cette nouvelle entité baptisée du nom de « Rous ». Leur assimilation au monde slave s’opéra dans le contexte de la création d’un nouvel État.
Masque de déguisement d'enfant en cuir, vers 1200-1250De multiples vestiges de cette civilisation russe du nord ont survécus, remarquablement bien conservés, faits notamment de matériaux organiques : cuir, tissus et bois. Ils sont les témoins de la vie quotidienne d’alors : déguisement d’enfant, jeux d’enfants, chaussures, instruments de musique, skis… Le bois était alors le matériau principal, abondant autour de la région de Novgorod : la première cathédrale , Sainte-Sophie et ses treize dômes, était intégralement construite en bois.
Cheval à roulettes, jouet d'enfant en bois, milieu XIIe siècleSi les objets cultuels sont également présents, ils attestent d’un côté de la prégnance du paganisme scandinave par rapport au paganisme slave, puis de l’adoption du christianisme dès le Xe siècle : un des objets les plus répandus est la croix pectorale de tradition pratiquement inconnue ailleurs en Europe. Les amulettes, même en période chrétienne, étaient également très répandues, ainsi que les souvenirs de pèlerinages.
Croix pectorale en alliage cuivreux, XIIe siècleLe plus étonnant de ces vestiges est le « papier à lettre » utilisé entre le XIe et le XVe s. pour des échanges d’informations, des correspondances d’affaire, des plaintes et récriminations, ou même des lettres d’amour, mais aussi des prières ou l’apprentissage de l’écriture : il est fait d’écorces de bouleau sur lesquelles on grave le texte au stylet.
Stylet en os, XIIe siècleLettre sur écorce de bouleau, 1125-1150Il ne reste que quelques jours pour découvrir ces vikings, peuple de conquérants et d’explorateurs, ancêtres du peuple russe et dont ne cesse de découvrir le rôle majeur :
« on sait que les hommes du Nord, les Northmen des anciennes chroniques, ont donné leur nom à la Normandie ; on sait moins que celui de « Russe » vient lui aussi de la manière dont on désignait ces aventuriers des rives de la Baltique :
les Rous des chroniques slaves ».
Russie viking : vers une autre Normandie? Musée de Normandie, Caen, jusqu’au 31 octobre 2011.
Source : Musée de Normandie
Tags : siecle, russe, normands, viking, vers
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