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    Russie viking, vers une autre Normandie?

    Le musée de Caen propose depuis déjà plusieurs mois un parallèle intéressant entre la naissance de la Normandie et la principauté de Novgorod en Russie, où les Vikings furent présents dès le VIIIe siècle. Pour la première fois, plus de 500 pièces allant de l’objet cultuel à la vie quotidienne, sont rassemblés.

     
    Pendentif à décor de masque en argent, Xe siècle

    Nous l’avons déjà vu avec le jeu de Lewis, les relations entre Scandinavie et Europe étaient très fréquentes : les premiers raids vikings sont documentés dès le VIIIe siècle, Danois & Norvégiens sur le continent et les îles britanniques et Suédois dans le nord de la Russie. S’il s’agissait d’abord d’attaques et de pillages, les Northmen – hommes du nord – cherchèrent rapidement à s’installer sur ses territoires. Si en France, ceux-ci devinrent des normands, en Russie ces vikings prirent le nom de Varègues et s’insérèrent très tôt au sein de la population locale, notamment grâce à l’établissement de comptoirs commerciaux.

     
    Pendentif en argent, Xe siècle

    Dès le IXe siècle, ils s’impliquèrent dans la gouvernance de la région de Novgorod, qui devint au fil des siècles l’un des pôles les plus importants de cette Russie.

    Cette république marchande indépendante s’agrandit au fur et à mesure : une expansion territoriale qui dura jusqu’au XVe siècle grâce notamment aux nombreux comptoirs commerciaux fondés par les varègues. Les scandinaves participèrent ainsi à la stabilisation de la puissance publique et son épanouissement, enrichirent la culture de cette nouvelle entité baptisée du nom de « Rous ». Leur assimilation au monde slave s’opéra dans le contexte de la création d’un nouvel État.

     
    Masque de déguisement d'enfant en cuir, vers 1200-1250

    De multiples vestiges de cette civilisation russe du nord ont survécus, remarquablement bien conservés, faits notamment de matériaux organiques : cuir, tissus et bois. Ils sont les témoins de la vie quotidienne d’alors : déguisement d’enfant, jeux d’enfants, chaussures, instruments de musique, skis… Le bois était alors le matériau principal, abondant autour de la région de Novgorod : la première cathédrale , Sainte-Sophie et ses treize dômes, était intégralement construite en bois.

     
    Cheval à roulettes, jouet d'enfant en bois, milieu XIIe siècle

    Si les objets cultuels sont également présents, ils attestent d’un côté de la prégnance du paganisme scandinave par rapport au paganisme slave, puis de l’adoption du christianisme dès le Xe siècle  : un des objets les plus répandus est la croix pectorale de tradition pratiquement inconnue ailleurs en Europe. Les amulettes, même en période chrétienne, étaient également très répandues, ainsi que les souvenirs de pèlerinages.

     
    Croix pectorale en alliage cuivreux, XIIe siècle

    Le plus étonnant de ces vestiges est le « papier à lettre » utilisé entre le XIe et le XVe s. pour des échanges d’informations, des correspondances d’affaire, des plaintes et récriminations, ou même des lettres d’amour, mais aussi des prières ou l’apprentissage de l’écriture : il est fait d’écorces de bouleau sur lesquelles on grave le texte au stylet.

     
    Stylet en os, XIIe siècle
     
     
    Lettre sur écorce de bouleau, 1125-1150

    Il ne reste que quelques jours pour découvrir ces vikings, peuple de conquérants et d’explorateurs, ancêtres du peuple russe et dont ne cesse de découvrir le rôle majeur :

     

    « on sait que les hommes du Nord, les Northmen des anciennes chroniques, ont donné leur nom à la Normandie ; on sait moins que celui de « Russe » vient lui aussi de la manière dont on désignait ces aventuriers des rives de la Baltique :

     

    les Rous des chroniques slaves ».

    Russie viking : vers une autre Normandie? Musée de Normandie, Caen, jusqu’au 31 octobre 2011.

    Source : Musée de Normandie

     

     

     

     

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    L'auteur de ce fabuleux article :

    Gilles Mauger

     

     

    1ère partie


    1 - Les mots d'origine scandinave

    Savez-vous qu’un très grand nombre de mots du vocabulaire normand sont d’origine scandinave ?

    En effet, les Vikings, en peuplant la Neustrie (nom porté par la Normandie avant les Vikings) et en fondant le duché de Normandie en 911, ont apporté avec eux, en plus de leurs navires, leur langue et son vocabulaire. Une partie de ce vocabulaire est ensuite restée dans notre langue normande et est parvenue jusqu’à nous en traversant les siècles.

    Ainsi une kanne à lait, mot que tout le monde connaît à la campagne vient de « kanna », qui en vieux scandinave signifie « récipient ».
    De même le mot bru (la belle fille) vient de « brydh » qui veut dire « la fiancée ».

    Cette imprégnation du parler normand par le vocabulaire et la grammaire scandinave (viking) s’est faite dans de nombreux domaines.
     
     
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    Par exemple :

    La description du paysage : ainsi, le mot « bec » (le Bec- Hellouin) tire son origine du mot
    « bekkur » qui en Viking signifie « ruisseau », ou bien le mot « mare » qui vient du scandinave ancien « marr » signifiant « étendue d’eau ». Et Dieu sait si les mares sont nombreuses en Normandie.

    Les noms de plusieurs centaines de nos villes et de nos villages sont issus du scandinave ancien.
     
    Par exemple, Routot (le domaine de Rolf) ; Elbeuf (la chaumière des puits) ; Ecaquelon (le bois des voleurs) ;
     
    Catelon (le bois du bétail ou du chaudron). De même, un certain nombre de noms de famille ont réussi à traverser les siècles et à parvenir jusqu’à nous.
     
    Souvenez vous du plus grand coureur cycliste français et normand, Jacques Anquetil. Son nom est un patronyme d’origine scandinave « Askettil » qui signifie le « chaudron des dieux », nom qui était très à la mode à l’époque des Vikings.

    La vie paysanne. Ainsi, mettre une vache au tierre, tierrer, détierrer provient du mot « tjödr » en vieux scandinave qui signifie « corde à chevaux ».
     
     
    Guerrière de fille de Viking
     

    La mer et la pêche.
    Savez-vous que crabe, homard viennent du Viking « krabi », « hummar »… ?

    La marine et la construction navale.
     
    Rien d’étonnant à ce que les Vikings, grands navigateurs qui sont allés en Islande, au Groënland et jusqu’en Amérique, aient fortement influencé notre vocabulaire. Par exemple, les mots bateau, étrave, quille, mât, hauban… sont issus du scandinave ancien.

    Le droit et la justice. Ainsi, le mot meurtre non seulement est d’origine Viking, mais correspond à un degré dans la hiérarchie des crimes du droit scandinave.

    La botanique aussi mais à un degré moindre.
     
    Par exemple, les dogues, mauvaises herbes bien connues des Normands.
     
    Et bien le mot vient de « doga » qui signifie « mauvaises herbes » en norrois (langue scandinave ancienne).
     
     
    Viking sunstone


    Tout ce vocabulaire d’origine scandinave qui a envahi pratiquement tous les domaines de l’activité humaine du Moyen Âge montre bien que les Vikings, qui étaient de grands guerriers et des conquérants étaient aussi et peut-être avant tout des marins, des pêcheurs, des paysans et des commerçants apportant avec eux technologies et vocabulaire correspondant.

    Mais ce n’est pas tout.
     
    Saviez-vous que notre langue normande a d’autres originalités, qui méritent notre attention et que la langue normande a joué un grand rôle dans :
     

     
     
    La formation de la langue française :
    Nord, Sud, Est, Ouest sont des mots d’origine normande, issus du scandinave.

     
     
    La formation de la langue anglaise
     
    Des centaines de mots du vocabulaire anglais sont d’origine normande, apportés par les Normands de Guillaume le Conquérant lors de la conquête de l’Angleterre en 1066.
     
    Qui penserait que le mot anglais « pocket » (qui veut dire poche)
    est issu du normand « pouquette » ? Et tant d’autres.
     
     




    2 - La description du paysage par les Vikings

    Au cours de leur progression et de leur installation en Normandie, les Vikings vont avoir besoin de s’orienter, se repérer et donc de donner des noms au paysage et aux repères qu’ils utilisent pour se diriger.
     
    La pénétration des Vikings en Normandie va donc s’accompagner d’une pénétration de termes norrois (langue des Vikings) décrivant le paysage dans le parler local.
     
    Tout d’abord, il leur est nécessaire de s’orienter par rapport à des repères fixes et aux étoiles.
     
    Et donc « Nordi, Sudri, Estri, Vestri », mots vikings désignant les 4 grandes directions vont devenir normands sous la forme Nord, Sud, Est, Ouest.
     
    Les Vikings arrivant par la mer, il leur est indispensable pour leur orientation et leur sécurité de donner des noms aux îles, courants, rochers… qu’ils vont rencontrer.
     
    C’est donc en premier lieu le paysage maritime qui est décrit. Ainsi le terme normand havre ou hable qui désigne un port, un refuge vient de « Häfn » ou « Höfn » qui en norrois signifie « port ». Par exemple, le Havre de Grâce, le Havre de Goury, le Hable de Dieppe.
     

    Un raz en normand est un courant rapide. Il dérive de « Ras » en norrois qui veut dire « courant, chenal ». Exemple le Raz Blanchard.

    Sound, un détroit , vient de « Sund » (même sens). Exemple le Sound de Chausey.
    Le nez : un cap, un promontoire vient de « Nes » : « un cap ».
     
     
     
    Exemple le nez de Jobourg.

    Les grunnes qui sont des hauts fonds par chez nous, a pour origine « Grunnr » en norrois : « fonds marins, hauts fonds ».
     
     

    Les mielles : dunes de sable.
     
    Le mot est issu de « Melr » : « dune ».
    Crique vient de « Kriki » (même sens).
    Cliff : falaise en vieux normand, vient de « Kliff » (même sens).
    Quet, un rocher en mer vient de « Sker ».
    Ecore, une berge escarpée vient de « Skorr » : « crevasse ».
    Homme, Hommet, Houlme, Hou désignent en normand un îlot. Ces mots dérivent de « Holmr » : « un îlot » en norrois.
    Houl, un creux dans les rochers vient de « Hol » : « creux ».
    Estran en normand : partie de la grève ou de la plage comprise entre marée haute et marée basse vient de « Strand » : « grève, plage ».
    Dranguet, rocher pointu isolé en mer vient de « Drangr ».
    Ber, un rocher vient de « Berg » : « rocher ». Etc…

    Passons maintenant à la description du reste du paysage.
    Une hague qui est une prairie ouverte en normand a pour origine norroise « Hagi » : « enclos, pâturage » ou « Haka » : « promontoire ».
    Nos nombreuses mares dérivent du norrois « Marr » qui d’abord désigne « la mer » puis ensuite « une étendue d’eau ».
    Dalle, une vallée en vieux normand vient de « Dallr », « une vallée » en norrois.
    Dick : levée de terre, talus, fossé vient de « Deki » (même sens). Ce mot est peut-être à l’origine du mot français digue.
    Banque est aussi une levée de terre , dont l’origine est « Bank » (même sens).
    Une londe est un bois, une forêt. Le mot vient de « Lundur » : « petit bois ».
    Un bec en normand est un ruisseau. Ce mot dérive de « Bekkr » : « un ruisseau » en norrois.
    Flet ou fliet, un ruisselet vient de « Fljot » : « ruisselet ».
    Hogue, une hauteur, un tertre vient de « Haugr » qui a le même sens.
    Une houlette : un trou de lapin vient de « Hol » : « creux ».
    Un thuit est un essart, une portion de forêt récemment défrichée. Le mot vient de « Thveit » (même sens).
    La gare : la berge d’une rivière vient du norrois « Värr ».
    Eiki le chêne, boki le bouleau, Eski le frêne, lind le tilleul… Etc…

    Nous allons arrêter là notre énumération qui n’est pas complète mais qui devient fastidieuse pour le lecteur pour aborder deux points intéressants.

     
     
     
    Le premier de ces points est le suivant.
     
     
    Un certain nombre de mots norrois décrivant le paysage et qui ont pénétré très tôt le vocabulaire normand ont peu à peu disparu dans le normand plus récent, plus moderne. Ainsi, par exemple, nous n’utilisons plus les mots dalle, londe, thuit, cliff… Nous n’utilisons plus bec, le ruisseau mais le mot fliet, ruisselet, s’est maintenu.
     
    Dick a disparu, mais banque s’est conservé (surtout dans le Cotentin). Cette disparition est mystérieuse et ces mots ne subsistent plus que dans les noms de nos villes et villages.

    La deuxième remarque, et qui est très importante, est qu’un certain nombre de mots normands d’origine Viking sont passés en Français.
     
    Comme si le normand avait servi de passerelle, de cheval de Troie pour introduire ces mots dans la langue française. Nous reviendrons à plusieurs reprises sur cette originalité de notre « prêchi » et nous verrons l’importance du parler normand et des Normands dans la formation de la langue française.
     
    Ces mots ne sont pas des moindres, par exemple : le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest, un havre, une crique, l’estran, un raz, un sound, un nez, une hague (mot que l’on retrouve dans Hector Malot, auteur normand de la fin du XIXème siècle). Ils font partie du vocabulaire de base d’une langue et ils étaient très utiles avant le G.P.S.!



    3 - Les noms des villes et des villages 1/2

    Saviez-vous qu’entre 400 et 500 villages et villes de Normandie portent un nom d’origine Viking ? Ce chiffre est quand même relativement important car lors de la colonisation de la Normandie par les Vikings, nombre de villages actuels n’existaient pas encore. Ainsi, le Vièvre n’était qu’une immense forêt et Saint-Grégoire, Saint-Georges, Saint-Pierre, Saint-Martin, Saint-Firmin, Saint-Benoît… n’existaient pas.

    Il y a deux sortes de noms de villages (toponymes) d’origine nordique : les noms entièrement Viking, par exemple, Écaquelon et les noms se terminant en « ville » et dont la première partie est un nom Viking, en général un nom d’homme, par exemple Appeville. Dans la première série de toponymes, nous allons faire la connaissance de quelques clés qui permettent de les reconnaître et de les comprendre.

    Tout d’abord, les noms qui se terminent en « tot ».
     
    « Tot » vient de « Toft » qui en norrois désigne un domaine agricole, une ferme, bâti ou non bâti. Par exemple : Colletot est le domaine de « Koli » : nom d’homme Viking. Ecquetot est le domaine du frêne : « Eski ». Épretot est le domaine du tremble : « Espi ». Aptot est le domaine des pommes : « Epli, Apli ». Brestot : « Breidr », grand et tot, domaine.

    Les toponymes en « bec ». « Bec » nous l’avons vu vient de « Bekkur » qui veut dire ruisseau en norrois. Le Bec Hellouin : le ruisseau du chevalier Herluin. Foulbec : le ruisseau nauséabond. Caudebec : le ruisseau froid. Orbec : le ruisseau aux graviers. Houlbec : le ruisseau creux.

    Les noms en « londe », « lon ». « Londe », « lon » viennent de « Lundur » : bois, forêt. La forêt de la Londe est donc une répétition. Boclon est le bois de bouleau : « Boki », le bouleau. Ecquelon, le bois de chêne : « Eiki », le chêne. Catelon, le bois de « Kati » (nom d’homme Viking). Écaquelon : le bois des voleurs ou bien le bois à l’extrémité d’un champ.

    « Mare » vient de « Marr » : petite étendue d’eau. Exemple Londemare : mare de la forêt. Roumare : la mare de « Rolf » (Rollon 1er Duc de Normandie). Limare : « Hlid » : pente.

    « Fleur » semble venir du norrois « Floï » qui désigne une large baie, un estuaire et se retrouve dans Honfleur, Harfleur, Ficquefleur, Barfleur.

    Aux toponymes très nombreux, il faut en ajouter d’autres moins fréquents : les noms en « vic » qui désignent une anse, une baie : Sanvic, Barvic, Pilvic, Le Cap Lévi (Kapel Vic).

    « Grune » : un haut fond donne par exemple Langrune.

    « Houle » : creux, se retrouve dans Houlbec, Cattehoule.

    « Homme », « hou » : un îlot : Grand et Petit Couronne, Quettehou.

    Les Hogues, La Hougue viennent de « Haugr » : hauteur, tertre. Hautot : la ferme d’en haut.

    « Dale » dérive de « Dalr » : une vallée : Dieppedalle, Brecquedalle.

    La Haule est issue de « Hallr » : une pente, une déclivité.

    Les différents Havres déjà vus viennent de « Häfn ».

    « Clif » est une falaise (« Klif » en norrois) : Risleclif, Carqueclif.

    Dieppe : profond (« Djupr ») : Dieppe, Dieppedalle.

    Grestain, Ouestain viennent de « Steinn » : la pierre.

    Les toponymes en « Torp » ou « Tourp » sont issus de « Torp » en norrois qui signifie un hameau, un village et vont donner Le Torp, Le Tourps, Saussetour, Clitourps…

    Les noms en « bu », « bye » viennent de « Byr » : un village et donnent Tournebut, Bourguebus…

    Le norrois « Bôth » qui désigne une cabane, une chaumière va se décliner en « beuf » : Daubeuf (« Dalr » : vallée) ; Lindebeuf (« Lind » : tilleul) ; Marbeuf (mare et beuf) ; Quillebeuf (« Kill » : crique étroite) ; Elbeuf (« Vella » : source, puits et beuf).

    Les toponymes en « cote » dérivent du norrois « Kot » qui désigne une hutte, une cabane : Caudecotte (« Cald » : froid).

    « Skali » qui, en norrois, signifie abri provisoire va donner Écalles, Brequecal (« Brekka » :pente).

    Les noms en « hus » : Etainhus, Sahurs, Lihurs viennent de « Hus » qui veut dire maison.

    Les toponymes en « gard » sont issus de « Gardr » qui signifie enclos, jardin : Auppegard, Eppegard (« Apli, Epli » : pomme), Lingard (« Lind » : tilleul), Bigard (« By » : abeille).

    Les noms en « thuit » désignent un essart : Thuit Anger, Thuit Signol, Thuit Hébert, Thuit Simer, Regnetuit, Bliquetuit, Aptuit, Blacquetuit… .

    Maintenant, interro écrite. Ceux qui arrivent à traduire les 4 noms qui suivent ont droit à un coup de calva : Lintot, Criquebeuf, Routot, Épregard.
     



    4 - Les noms des villes et des villages 2/2

    Voyons maintenant les toponymes qui se terminent en “ville”. Ils sont très nombreux dans les zones de forte implantation Viking.
     
    Cependant, ils ne sont pas tous d’origine norroise. Un certain nombre d’entre eux sont antérieurs à la colonisation Viking et les autres sont contemporains ou postérieurs à cette colonisation.
     

    La terminaison “ville” vient de “Villa”: terme gallo-romain qui désigne un domaine rural bâti, une ferme, voire un village.

    Dans les cas qui nous intéressent la première partie du toponyme est un mot d’origine scandinave et en général un nom d’homme Viking (anthroponyme).
     
    En voici quelques exemples:

    “Asketill”, anthroponyme Viking signifiant “le chaudron des dieux”, va donner: Ancteville, Anctoville, Ancr etteville, Anquetierville. Il est à noter que “Asketill” va aussi donner le nom de famille normand Anquetil.

    “Asulfr”: “le loup des dieux”, va donner: Auzouville, Ozeville. Il est à noter également qu’il va donner l’anthroponyme normand Auzou.

    “Bjorn”, “Biarni”: l’ours, l’ourson, vont donner Bourneville, Bareville, Banneville, Basseneville.

    “Thorstein”: le marteau du dieu Thor va donner Toutainville et aussi le nom de famille Toutain.

    Acqueville vient de l’anthroponyme “Aghi”.

    Bolleville vient de “Bolli”.

    Bondeville vient de “Bondi”. “Bondi” n’est pas un anthroponyme mais désigne un homme libre, un paysan libre.

    Colleville vient de “Koli”, anthroponyme viking.

    Corneville vient de l’anthroponyme “Korni”.

    Ecquemauville vient de l’anthroponyme anglo-scandinave “Scamel”.

    Étreville vient de “Styrr” qui signifie querelleur.

    Mondeville, Émondeville, Émanville viennent de l’anthroponyme Viking “Amundi”.

    Quetteville, Quettreville, Cretteville viennent de l’anthroponyme “Kettil”.

    “Rolf” ou “Rou”, 1er duc de Normandie que nous avons vu former les toponymes entièrement Viking (norrois) Routot et Roumare va donner aussi Rouville.

    “Api” va donner Appeville.

    Sotteville vient de “Soti” le Brun ou le Noir.

    Tourville vient de “Torfi”.

    Touville vient de “Toli”.

    Il y a aussi quelques toponymes se terminant en “ville” qui ne commencent pas par un nom d’homme ainsi:

    Querqueville vient de “Kirkja”, une église.

    Criqueville vient de “Kriki”, déjà vu dans la description du paysage: une crique.

    Briqueville vient de “Brekka”, déjà vu également: une pente.

    Vatteville viendrait de “Vatn” ou “Vatr”: eau ou lac.

    L’origine de ces noms terminés en “ville” est discutée.
     

    Certains auteurs pensent que la colonisation Viking en Normandie s’étant étendue sur plus d’un siècle, les derniers arrivés s’installant dans une Normandie qui parlait déjà plus ou moins le Roman (Français ancien), auraient désigné leurs nouveaux domaines d’un nom mixte utilisant une partie scandinave et une partie romane.

    D’autres auteurs font très intelligemment remarquer qu’un grand nombre de ces toponymes en “ville” sont situés à des endroits stratégiques: croisements de routes, hauteurs, points d’observation et de surveillance, formant un véritable maillage du territoire et qu’ils auraient pu être confiés DÈS LE DÉBUT DE LA COLONISATION à des chefs et des personnages de confiance afin d’assurer la sécurité et la défense du Duché.
     
    Ces points stratégiques auraient pu être débaptisés et rebaptisés avec un anthroponyme Viking en première partie tout en conservant la terminaison “Villa” ancienne.
     
     
    2ème partie
    5 - Les mots de la vie paysanne

    Nos Vikings s’installent donc et fondent la Normandie.
     
    À cette époque la classe sociale la plus nombreuse, celle qui crée le plus de richesse est la paysannerie.
    Le vocabulaire de nos conquérants a-t-il imprégné le vocabulaire du travail de la terre?

    Nous avons déjà vu une partie des termes décrivant le paysage tels que beuf, crique, bec, Toft, Thuit, Hom, on peut en ajouter d’autres tels que “haie” qui viendrait de “Haya” en Viking et qui aurait le sens de lisière d’une forêt.

    Il y a à Montfort une rue de la Haute Gate. “Gate” en vieux normand signifie chemin et vient de “Gata” en norrois qui a le même sens.


    1- Termes décrivant les bâtiments :

    en plus de “Thorp”, beuf, hus, que l’on retrouve dans la construction des noms de villages on peut ajouter:
    Le “cotin” qui en normand est une petite maison. Il vient de “Kot” en norrois qui signifie petite baraque, cabane.
    Un “buret”: une porcherie en normand, vient de “Bur”, un appentis en norrois. Pensez-y quand vous arrivez à Pont-Audemer par la zone d’activité des Burets.
    Un “hangard” vient de “Heimsgard” qui signifie plutôt domicile.
    Un “gardin” le jardin normand vient de “Gardr”: jardin.
    “Haugard” en vieux normand désigne une cour où se trouve la meule de paille, vient de “Haust”: récolte et de “Gardr”: jardin, enclos.
    “Bel” une cour de ferme vient de “Boëli”: une ferme.


    2- Les animaux.

    Un “bécard” ou un “Becquerel” est un jeune bélier, a pour origine le mot norrois “Bekri”: un bélier.
    Le “falle rouge”: le rouge-gorge vient de “Fallr”: gorge, jabot et qui donne aussi la “falle” en normand: le jabot.
    La “videco”: la bécasse est issu de “Vidr”: bois et “Kokkr”: le coq.
    “Harouse”, un mauvais cheval a pour origine “Hross”: cheval.
    “Maove”: la mouette vient de “Mavar”: mouette.
    “Flo”: un troupeau de moutons vient de “Flokkr”: bande, troupe.


    3- Les plantes.

    Le “haveron”: l’avoine sauvage est issu de “Hafri”: avoine.
    La “hague”: le fruit de l’aubépine vient de “Hagthorn”: l’aubépine.
    Le “vamoque”: coquelicot vient de “Valmogi”: le coquelicot.
    Le “han”: souchet à longues racines est issu de “Hampr”: le chanvre.
    Les “dogues”: mauvaises herbes (la patience) vient de “Doga”: mauvaise herbe.
    La “gernotte”, petite ombellifère peut-être originaire de Norvège vient de “Jardnott”.
    Les “gades”: les groseilles dérivent de “Gaddr”: épine.
    Le “melgreux”: l’oyat vient de “Melr”: dune et de “Graes”: herbe.
    La “torve”: la tourbe vient de “Torf” en norrois: même sens.


    4- La terre et le travail de la terre.

    “L’acre”: ancienne mesure de surface vient de “Akr”: champ ou mesure agraire.
    “Vendinc” en vieux normand: l’endroit au bout du champ où l’on fait tourner la charrue vient du norrois “Venda” qui veut dire tourner. Vendinc donne le verbe “faire vendinc”.
    “Houelland”: bout du champ où les sillons sont perpendiculaires aux autres sillons et “faire houelland” viennent de “Hoveland”.
    Une “merche” est une marque de propriété.
    Une “coque”: un tas de foin à sécher vient de “Kökkr”: tas.
    Une “delle”: parcelle de terre labourée vient de “Deill”. Un “dellage” est formé de plusieurs delles, plusieurs pièces de terre.


    5- Les outils et instruments.

    La “canne à lait” vient de “Kanna”: récipient.
    “Tierrer”, “detierrer”, “mettre au tierre” sont issus de “Tjödr”: une corde pour les chevaux.
    Une “herquette”: un rateau vient de “Herkja”: trainer de ci-de là.
    La “melle”: l’anneau mis dans le nez du taureau a pour origine “Mella”: un noeud coulant. “Emmeler” mettre un anneau à un taureau.
    “Bie”: une cruche vient de “Bidr”: petit récipient en bois.
    “Bingue” ou “bingot”: panier rond, a pour origine “Bingr”: récipient.
    “Hêtier”: grande poële plate vient de “Heitr”: brûlant.
    “Tro”: le pétrin en normand vient de “Trog”: pétrin.


    6- Mots divers.

    “Réquer”: ramasser les derniers fruits vient de “Rekja”: allonger.
    “Rimée”: la gelée blanche a pour origine “Hrim”: même sens. “rimer”: geler blanc.
    “Flique”: morceau de pain ou de viande vient de “Flikki”: tranche de lard.
    “Etoc”: tronc d’arbre est issu de “Stokkr”: tronc, bûche.
    “Vâtre”: de l’eau boueuse vient de “Vatr”: eau et va donner le verbe “se vâtrer”: se salir.
    “Débiter”: couper du bois en vieux normand vient de “Biti”: morceau.
    “Dalle”: une rigole ou un évier vient de “Döla”: tranchée.
    “Écaler un oeuf, un poisson” vient de “Skalja”: tuile, écaille.
    “Raquilllon”: trognon de pomme ou reste de foin que l’on laisse manger aux bêtes vient de “Rask”: rebut. “Raquillonner”, faucher ce qui reste dans les herbages.
    Une “houlette”, un trou de lapin vient de “Hol”: creux.
    “Enfestonner”: attacher la tête des vaches de façon à ce qu’elles ne puissent manger les pommes a pour origine “Festr”: corde.
    “Monter à har”: monter à cru (sans selle) vient de norrois “Har” qui signifie poil.
    Une “bedière”, un “bédot”: mauvais lit vient de “Bedr”: litière.
    “Furolle”: feu follet est issu de “Fyr”: le feu.

    On peut remarquer dans ce vocabulaire normand d’origine scandinave que si les mots se référant aux animaux sont peu nombreux, les termes concernant la terre, son travail et les outils nécessaires sont bien représentés. Cette abondance pourrait signifier deux choses.

    La première est que nos guerriers sont aussi des paysans qui une fois descendus de leurs navires sont redevenus des paysans (du moins une partie d’entre eux).

    La seconde est que l’importance et la diversité du vocabulaire “agricole”d’origine scandinave signe une pénétration profonde et importante de la société par les Vikings et ne correspond pas à une conquête par une aristocratie guerrière peu nombreuse comme certains aimeraient le faire croire.



    6 - Les mots de la mer et de la pêche

    Nous avons déjà vu un certain nombre de termes du vocabulaire normand décrivant le paysage maritime et qui sont d’origine norroise. Voyons maintenant ceux qui se rapportent à la mer ou à la pêche.


    1- Tout d’abord la mer et le rivage.

    Le “flot”: la marée montante est issue de “Flod” en norrois: marée montante.
    L’ “ebbe”: la marée descendante peut avoir par contre plusieurs origines: soit du vieux Danois, soit du Francique, soit du Néerlandais: même sens, marée descendante.
    La “houle” vient du norrois “Hola”: creux.
    La “flotte” vient de “Floti”: flottant en norrois.
    Une “vague”, le mot est issu de “Vagr”: vague.
    L’“estran”: partie de la plage située entre marée haute et marée basse vient de “Ströndr” en norrois: côte, grève.
    La “tangue”, ce qu’on pourrait appeler les sables mouvants est issu du norrois “Tangui”: langue de sable.
    Les “houlles”: creux dans les rochers où nous avons tous péché étant petits est également issu de “Hola”: creux.
    Le “varech” ou “vrek” vient de “Vagrek”: ce qui est rejeté par la mer.
    Le “tangon”: les algues brunes vient de “Thang”: algue.
    La “valingue” est une autre sorte d’algue, son nom est issu de “Vringla”: enrouler en norrois.
    “Gaive” qui est en vieux normand un objet trouvé viendrait du norrois “Veifa”: ce qui flotte ou une épave.


    2- Les poissons et les coquillages.

    Le “galeron” en vieux normand est un morse. Cela vient de “Hvalross” qui a le même sens en Viking.
    Le “marsouin” a pour origine “Marr Swin” littéralement le cochon de mer en norrois. La présence de morses ou de marsouins sur nos côtes au Moyen Âge est le signe de la grande diversité de poissons et de mammifères marins vivants à cette époque sur nos côtes.
    Le “ha”, la roussette, vient de “Har”: requin.
    “Koli” en norrois va donner “colin” en normand.
    La “flie” (la patelle) le mot vient de “Flida”: même sens.
    Le “Célin” (le pilchard) vient du norrois “Sild”: hareng.
    La “flondre” vient de “Flundra”: même poisson.
    L’“orfi” (l’aiguille de mer) vient de “Hornfiskr”: même sens.
    le “lieu” vient de “Lyr” en norrois.
    La “lingue” (encore un poisson) de “Lyngfiskr”.
    Le “crabe” vient de “Krabi”.
    Le “homard” est issu de “Hummar”.
    Le “ran”, le “bulot” a pour origine “Ran”: bélier en norrois.
    Le “vras” (la vieille) vient de “Vraicfiskr”.
    La “rogue” (les oeufs de morue) vient de “Hrogn”: même sens.
    Le “houvet”: le tourteau vient de “Hofr”: sabot en norrois.
    Le “houvelin”: l’araignée de mer, le mot a la même origine.
    Le “havetauque”: une petite pieuvre serait aussi d’origine norroise.
    Ajoutons la “maove”, la mouette qui vient de “Mavar” en VIking.


    3- La pêche.

    “Beiter”, “beite”: appâter, appât vient de “Beita”: appât.
    Le “lanet”: petit filet de pêche, vient de “Leggia”: poser et “Net”: filet.
    Le “draunet”, bien connu, a pour origine “Draga”: tirer, trainer et “Net”: filet.
    Le “havenet”: le filet à crevette de notre enfance vient de “Hafr”: poche et “Net”: filet.
    Le “saunet”, grand filet de pêche en haute mer est issu de “Sjardr”, la mer et “Net”: filet.
    “Fisigard” en vieux normand c’est une pêcherie, il a pour origine “Fiski”: poisson et “Gardr”: enclos, jardin, clôture.
    Une “gord”: piège à poisson formé de deux filets formant un angle aigu viendrait également de “Gardr”: clôture, palis, jardin.
    Un “walmanni” en vieux normand c’est un baleinier, du norrois “Hvalman”: même sens. Il est à noter à ce sujet qu’au Moyen Âge on pêchait la baleine qui abondait en baie de Seine et sur nos côtes normandes. D’où vient en vieux normand le mot “walsetta”: un établissement baleinier (une base, un port) qui vient de “Hvalsetr” qui a le même sens.
    On peut aussi noter que “walmanni” a donné le nom de famille “Vaumant” ou “Levaumant”.


    4- Les marais salants.

    Au Moyen Âge, les côtes normandes étaient riches en marais salants, en particulier l’estuaire de la Seine et l’embouchure de la Dives.
    Les “dams”: ce sont les aires d’évaporation de l’eau de mer. Le terme vient de “Dammr” en norrois qui signifie retenue d’eau.
    Les “dicks” (digues) qui bordaient les dams. Le mot vient de “Diki” levée de terre. Se rappeler aussi le Haguedic k dans le Cotentin.
    Les “fliets”: les ruisseaux de drainage (ou d’écoulement) des dams, mot issu de “Fljot”: ruisseau.
    Enfin les tas de sel étaient rassemblés sur les “hogues”, les buttes, les hauteurs. De “Haugr” en norrois qui a le même sens.


    5- Quelques verbes pour s’amuser.

    “Écorrer”: compter les poissons frais ou séchés, retour de pêche vient de “Skora”: faire une marque.
    Les sportifs y verront peut-être un rapport avec le mot score?
    “Écaler” un oeuf ou un poisson: enlever la coquille ou les écailles vient de “Skalja”: tuile, écaille.
    “Draguer” avec ses dérivés “drague”, “dragage”, “dragueur” vient de “Draga” qui a le même sens.
    “Sombrer” de “Sumba”: même sens. “Cingler”: faire voile, “sigler” en vieux normand, vient de “Sigle”: voile.
    “Arrimer” vient de “Ryma”: même sens. “Hâler” de “Hala”: même sens.

    Il est facile de constater que le vocabulaire de nos Vikings a fortement imprégné le vocabulaire normand, ce qui n’est pas pour nous surprendre, les Vikings ayant été les plus grands navigateurs de leur temps.
     
    Ce qui est plus surprenant, c’est que la quasi totalité de ce vocabulaire est passé en Français: “vague”, “houle”, “flotte”, “crabe”, “homard”, etc... Cela serait-il la preuve de la grande supériorité des Normands en matière maritime dans le royaume de France que cela soit au Moyen Âge, à la Renaissance jusqu’à l’âge moderne ?



    7 - La construction navale

    Nos amis les Vikings étaient les meilleurs navigateurs de leur temps. Ils ont construit des navires qui étaient de petites merveilles en matière de construction navale et qui les ont emmenés jusqu’en Amérique. Ces types de navires vont perdurer pendant des siècles. Souvenons-nous que les navires utilsés par Guillaume le Conquérant, lors de la conquête de l’Angleterre et décrits par la tapisserie de Bayeux, ressemblent furieusement aux “drakkars vikings”.

    Nos Vikings, implantés en Normandie, vont donc laisser une trace importante, voir prépondérante, dans le vocabulaire normand de la construction navale.


    1- Voyons d’abord les différent s types de navires.

    Le “Snekkar” (vrai nom du Drakkar) va donner l’“esnèque” en vieux normand.
    “Batr” va donner “batel” en vieux normand puis “bateau” en normand moderne et en Français.
    L’“eskei” en vieux normand, vient du norrois, “Skeid” qui désigne le grand navire de guerre des Vikings.
    Le”Knorr” ou “Knarr”. C’est le remarquable navire de charge, de transport des Vikings. Il va donner le “kanar” en vieux normand.

    Le “Skuta” en Viking, un petit bateau léger et rapide qui sert de liaison entre les navires et aussi d’éclaireur, va donner l’“escoute” en vieux normand. Ce mot est à l’origine du mot “scout” en Anglais et en Français.
    “Flundra”, le poisson que nous avons déjà vu et qui donne en normand la “flondre” va aussi être à l’origine du nom d’un petit bateau de pêche de nos côtes: le “flondrier”. “Skalda”, une barque en norrois, se transforme en “écaode” ou “écaude” en normand, barque à fond plat utilisée dans les marais.
    Un “esquif”, petite embarcation légère, a pour origine le norrois “Skif”.


    2- La coque des navires.

    La “quille” vient de “Kjöll” même sens.
    L’“étrave” dérive de “Stafn”, étrave.
    La “bordaille”, le “bordé”, le “bordage”, “border” viennent de “Bord” qui veut dire planche en norrois.
    Le “galbord”, première planche ajustée contre la quille et le “vibord”, la dernière planche du bordage viennent de “Galbord” et de “Vigibord”.
    “Babord” (gauche) et “tribord” (droite) ont pour origine “Babordi” et “Tribordi”.
    Les “tolets”, dérivent de “Thollr”.
    “Hel”, la barre du gouvernail vient de “Helm”, même sens.
    Les “dalots” ou “dales”, trous pour évacuer l’eau viennent de “Doela”, même sens.
    Le “mât” vient de “Mast”.
    La “carlingue” dérive de “Kerling”, même sens.
    Le “tillac, en norrois “Tilja”.
    Les “varangues” viennent de “Vrang”.
    Les “hublots” de “Hufa”.
    ”Brant”, une proue effilée, vient de “Brant”, éperon.
    L’“étambrai” de “Timbr”.
    “Bétas” en vieux normand désigne une vergue. Il a pour origine “Bétas” en norrois qui a aussi le sens de vergue.

    L’“estière” en vieux normand, c’est le gouvernail. Le mot vient de “Styri”, gouvernail en norrois.
    Le “Styrman” en Viking, celui qui gouverne le navire donne “esturman” en normand. Mot attesté dans les lais de Marie de France (par exemple).
    “Run” en vieux normand c’est la cale du bateau.
     
    Le mot a pour origine “Runn”. Même sens.
    La “hune”, le “hunier” dérivent de “Hunn”, même sens.
    Le “beaupré” (mât de beaupré) vient de “Bogsproti”.


    3- Le gréement.

    Le “gréement”, “gréer”, “dégréer”, les “agrès”, ont pour origine “Greidi” (“Greida” pour le verbe).
    La “sigle”, la voile en vieux normand, vient de “Sigla”, voile et va donner le verbe “cingler”, faire voile.

    L’“écoute”, la “bouline”, les “haubans”, “haubanner”, les “élingues”, “élinguer”, la “drisse”, l’“étai”, la “fest”, l’“estrenc”, l’“étalingue”, “étalinguer”. Tous ces cordages et les verbes correspondants, sont d’origine scandinave.
    Les navires vikings, ainsi que les bataux normands construits jusqu’à nos jours, sont “bordés à clin”. C’est-à-dire que les planches du bordage (de la coque) se recouvrent l’une, l’autre. L’autre type de bordage étant le bordage à “franc bord”. Par exemple les navires bretons sont bordés à franc bord. La filiation entre le type de construction normande et viking devient évidente.
    Et donc, “clin”, “clinquer”, ou “cliquer” (border à clin un navire) viennent de “Klink” en norrois.
    L’ “équipage”, “équiper”, l’“équipement”, l’“équipe” dérivent tous du même mot norrois “Skipa”, qui veut dire équipage. “Skipari”, l’homme d’équipage va donner l’“esquipre” en vieux normand. C’est aussi l’origine du mot “skipper” en Anglais, mot qui est récemment passé en Français (il aurait mieux fait de passer par le normand, nous aurion gagné du temps).
    Le “guindeau” ou “guindas” et le verbe “guinder” proviennent du mot “Vindas”, même sens.
    La “flotte” vient de “Floti”. “Flotman” (l’homme de la flotte) va donner le nom de famille normand “Flamant” ou “Leflamant” (“Flament” ou “Leflament”).
    La “bitte” d’amarage vient de “Biti”, même sens.
    Un “ris”, “ariser”, “prendre un ris” proviennent du norrois “Rif”, même sens.
    Une “raque”, une bouée en normand vient de “Raki”.


    4- Les verbes.

    “Raquer”, “touer”, “guinder”, “brayer”, “écarver”, “hanequer”, “déhanequer”, “ferler”, “déferler”, “hammer” (ramer à l’envers) viennent tous du Scandinave.

    Je ne citerai pas, ici, tous les mots, d’origine Scandinave, dans le vocabulaire de la construction navale, car cela deviendrait fastidieux pour le lecteur (surtout s’il ne s’intéresse que modéremment aux choses de la mer).
    En conclusion, ainsi que nous l’avons déjà vu dans le chapitre précédent, consacré à la mer et à la pêche ” (Cf numéro 7), on peut remarquer que tous ces termes techniques de construction navale, sont passés en Français.
     
    Ceci semble être la preuve de l’avance technologique des Vikings en matière de construction navale.
     
    Avance qui va durer pendant des siècles, faire partie intégrante de la culture normande, et être responsable de l’importance de la Normandie et des Normands dans la formation de la langue française dans le domaine maritime, entre autres.

    Cette avance et cette supériorité des Normands en matière maritime et de la construction navale se retrouvera lors des grands défits transatlantiques de la conquête de l’Amérique, du Canada, des Antilles et du Brésil, de l’exploration des côtes de l’Afrique et au-delà jusqu’à Sumatra.
     
     
     
     
     http://magene.pagesperso-orange.fr/secrets.html
     

    L'auteur de ce fabuleux article :

    Gilles Mauger est membre de l'Association Montfort Culture et Patrimoine

    (27290 Montfort-sur-Risle).

    Il a rédigé un certain nombre d'articles fort documentés sur le vocabulaire et les noms normands.

    Il nous autorise à les publier ici, ce dont nous le remercions vivement.

    Il nous précise que son travail de recherche est celui d'un amateur et non d'un spécialiste.

     

    Association Montfort Culture et Patrimoine

    – Mairie, 3 rue Saint Pierre - 27290 Montfort sur Risle -
    amcp@montfort-sur-risle.com

     

     http://magene.pagesperso-orange.fr/index.html

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    LE DRAKKAR

     

    Le drakkar était le bateau des Vikings, servant à la fois de navire marchand et de navire de guerre : il était alors un peu différent. Extrêmement importants, dans la vie des Vikings, il était à la fois le symbole et l’instrument de leurs victoires dans les batailles et de leurs réussites.

     

     

     

     

    Un grand drakkar mesurait jusqu’à 30 mètres de long et sa vitesse pouvait aller jusqu’à 32 km/h. il possédait 32 rames. Ses voiles carrées étaient souvent teintes en rouge pour signaler la présence du bateau.

    L’avant (la proue) était ornée de figures sculptées représentant souvent la tête d’un dragon (les Vikings croyaient au pouvoir de protection des dragons contre les mauvais esprits de la mer).

    Un gouvernail était fixé à l’arrière, à tribord (à droite).

     

    Les Vikings fabriquaient les drakkars avec du bois de chêne et mettaient entre les planches des touffes de laine trempées dans du goudron, pour rendre la coque étanche.

     

    Pour naviguer, les Vikings se laissaient guider par le soleil, la lune et les étoiles, qui paraissaient plus haut dans le ciel quand ils faisaient route vers le sud, plus bas quand ils faisaient route vers le nord.

     

     

    Les fleuves étaient d’excellents moyens d’entrer dans les terres des pays.

    S’il n’y avait pas de fleuve, les Vikings abaissaient parfois le mât, rentraient les rames, suspendaient le gouvernail, et transportaient le navire sur la terre ferme jusqu’au prochain cours d’eau. Pour cela ils faisaient rouler le navire sur des troncs d’arbres.

     

    A la mort des guerriers vikings, on les plaçait souvent dans un drakkar que l’on enterrait ou que l’on poussait à la mer après y avoir mis le feu.

     

     

     

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